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dimecres, 10 de febrer del 2021

La forme d'une ville, de Julien Gracq


 

 

La forme d'une ville change plus vite, on le sait, que le coeur d'un mortel. Mais, avant de les laisser derrière elle en proie à ses souvernirs - saisie qu'elle est, comme le sont toutes les villes, par le vertige de métamorphose qui est la marque de la seconde moitié de notre siècle - il arrive aussi, il arrive plus d'une fois que, ce coeur, elle l'ait changé à sa manière, rien qu'en le soumettant tout neuf encore à son climat et à son paysage, en imposant à ses perspectives intimes comme à ses songeries le canevas de ses rues, de ses boulevards et de ses parcs. Il n'est pas nécessaire, il est sans doute même de médiocre conséquencequ'on l'ait vraiment habitée. Plus fortement, plus durablement peut-être, agira't-elle sur nous si elle s'est gardée en partie secrète, si on a vécu avec elle, par quelque singularité de condition, sans accès vrai à son intimité familière, sans que notre déambulation au long de ses rues ait jamais participé de la liberté, de la souple aisance de la flânerie. Pour s'être prêtée sans comodité, pour ne s'être jamais tout à fait donée, peut-être a-t-elle enroulé plus serré autour d'elle, comme une femme, le fil de notre rêverie, mieux jalonné à ses couleurs les cheminements du désir.


A: La forme d'une ville, de Julien Gracq. José Corti.


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