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dissabte, 30 d’octubre del 2021

El passatge Pommeraye de Nantes

Il est curieux que le passage Pommeraye, qui reste la singulariré la plus marquante du quartier, et qui donne si spontanément à rêver (en commençant par André Pieyre de Mandiargues) à ses sisiteurs non prévenus, n'ait pas tenu davantage de place dans l'equilibre du paysage imaginaire, à demi-rêvé, à demi-habité, qui naisait pour moi de la prospection décousue de la ville. La séduction liée, dans une cité, aux " passages ", a des affinités érotiques qui sont de structure, et évidents : hantise des orifices et des conduits secrets, ombreux, chaleureux, qui donnent sur le labyrinthe viscéral, les repaires intimes du vaste corps urbain. Tous les commerces, tous les trafics qui s'abritent là y flottent - pour l'imagination incomparablement plus encore que pour l'oeil - dans une pénombre d'alcôve (et, dans la realité, on peut observer que tous ceux qui n'ont pas avec le secret féminin une connivence naturelle s'en excluent d'eux-mêmes : on y trouve des dourreurs, des chausseurs, des bijoutiers, des coiffeurs, des gantiers, des fleuristes ; rarement une quincaillerie, une droguerie ou une épicerie). Même s'il s'agit d'un passage tout neuf, comme celui qui joint aujourd'hui la rue de Sèvres à la rue du Cherche-Midi, je ne m'y aventure guère sans que le même charme, un peu clndestin, de souk secrètement érotisé y tombe sur moi à l'improviste : rien ne peut faire que le pas, de lui-même, ne se ralentisse, que l'oeil ne sonde le clair-obscur de ces boutiques, où bouge parfois et se déplace une ombre languide, comme il sonderait les compartiments d'un aquarium.

A: La forme d'une ville, de Julien Gracq. José Corti. p.94


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